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Pour cette fin de semestre marquée par de fortes chaleurs et le début du printemps, nous allons aborder un sujet qui fait rarement la une des médias : la biodiversité. Ce terme désigne : 

« l’ensemble des êtres vivants ainsi que les écosystèmes dans lesquels ils vivent. »

(OFB, 2023). 

Il comprend également les interactions des espèces entre elles et avec leurs milieux. C’est la biodiversité qui fournit aux êtres humains leur oxygène, nourriture et eau potable, et pourtant ce sont les activités humaines qui menacent la diversité biologique à travers cinq facteurs principaux : la conversion de milieux naturels en milieux artificiels, la pollution de l’air, de l’eau et du sol, ainsi que la pollution sonore et lumineuse, la surexploitation des ressources, le changement climatique, et l’introduction volontaire ou involontaire par l’homme d’espèces exotiques envahissantes (EEE). 

Heureusement, de nombreuses initiatives existent afin de protéger la biodiversité. L’Office fédéral de l’environnement Suisse (OFEV) a publié le 22 mai dernier son rapport 2023 d’analyse nommé « Biodiversité en Suisse ». Nous allons revenir sur plusieurs éléments positifs relevés dans ce dernier. 

Premièrement, les mesures ciblées de conservation des espèces ont permis à certaines d’entre elles de rétablir leurs populations au cours de la dernière décennie. C’est le cas notamment pour certains oiseaux comme le vanneau huppé, la sterne pierregarin et la chevêche d’Athéna.

Le vanneau huppé
La sterne pierregarin
La chevêche d’Athéna

Côté écosystèmes, il y a également des nouvelles positives, notamment dans les hauts-marais du plateau où la couverture boisée a diminuée grâce à des mesures efficace de renaturation. La couverture boisée résulte de sols moins secs et plus riches en nutriments, ce qui est négatif car les espèces végétales vivant dans les hauts-marais dépendent d’un faible apport en nutriment. Si la couverture boisée augmente, ces dernières se retrouveraient évincées au profit d’autres espèces plus friandes en nutriments. 

Les marais sont importants car ils peuvent d’une part stocker durablement le CO2, mais permettent également de stocker de grandes quantités d’eau, ce qui contribue à éviter les inondations et les épisodes de sécheresse. Il est ainsi essentiel de préserver ces espaces et la Suisse compte actuellement un grand nombre de projets de renaturation des marais menés par le canton et financés par la Confédération. 

Un second élément positif concerne l’augmentation du volume de bois mort dans la forêt suisse sur les trente dernières années. En plus d’exercer une influence positive sur le bilan des éléments nutritifs, le bois mort a également un effet sur le stockage de l’eau et le climat du sol. 

Dans le paysage agricole, les surfaces de promotion de la biodiversité (SPB) ont augmenté en nombre depuis 2011 jusqu’à représenter un cinquième de la surface agricole utile totale en 2020. Pour ce qui est des zones urbaines, les espaces verts ont également été revalorisés, (même si le degré d’imperméabilisation des espaces continue malheureusement d’augmenter). La loi fédérale sur la protection des eaux a aussi permis de revitaliser plus de 156 km de cours d’eau entre 2011 et 2019. Afin d’augmenter la cadence et d’atteindre notamment les objectifs inscrits dans la Stratégie Biodiversité Suisse (SBS), le Conseil Fédéral agit sur plusieurs fronts : rendre l’agriculture plus durable, promouvoir la nature en zones urbanisées, fixer des objectifs en matière de biodiversité dans les conférences de presse de la Confédération ainsi qu’intégrer la biodiversité dans les stratégies relatives au tourisme et à la santé. Finalement, la conception « Paysage Suisse » (CPS) adoptée par le Conseil Fédéral en mai 2020 fixe des objectifs sectoriels en matière de biodiversité pour tous les domaines politiques ayant une incidence sur le territoire. 

Au niveau mondial, d’autres bonnes nouvelles sont également à relever. De nombreux pays ont pris des initiatives pour conserver leurs zones humides, à l’image du développement de villes d’éponges émergentes en Chine ainsi que de la restauration du Great North Bog soutenue par le gouvernement du Royaume-Uni, une zone cruciale pour le stockage du carbone et de l’eau. Les zones protégées augmentent également aux Etats-Unis, où une zone de la taille du Grand Canyon a été créée. 

Du côté des espèces, on a pu assister à la réapparition de mini-kangourous dans le sud de l’Australie. La bettongie à queue touffue, aussi appelé betton de Tasmanie, est un kangourou de la taille d’un lapin qui peuplait autrefois plus de 60% de l’Australie. En Finlande, le renard polaire s’est reproduit pour la première fois dans la nature depuis 25 ans, résultat notamment des efforts de conservation déployés par le WWF et les experts des parcs nationaux. 

Finalement, sur l’île de Fergusson, au large de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, les chercheurs ont réussi à filmer en novembre dernier une espèce que l’on croyait éteinte depuis 140 ans : l’Otidiphaps nobilis insularis, également appelé le pigeon-faisan à nuque noire. A l’heure où de nombreuses espèces disparaissent, l’apparition d’espèces que l’on croyait perdues relève du miracle et montre que les mesures portent leurs fruits. Ne manque plus que les implémenter à grande échelle ! 

La bettongie à queue touffue
Le renard d’Arctique
L’Otidiphaps nobilis insularis

Sources

https://www.ofb.gouv.fr/quest-ce-que-la-biodiversite

OFEV (2023). Biodiversité en Suisse

https://news.un.org/fr/story/2023/02/1131897

https://www.francetvinfo.fr/animaux/des-mini-kangourous-font-leur-retour-en-australie_5836604.html

Strebel, N., Bühler, C. Recent shifts in plant species suggest opposing land-use changes in alpine pastures. Alp Botany 125, 1–9 (2015). https://doi.org/10.1007/s00035-015-0145-3

https://www.wwf.fr/vous-informer/effet-panda/heureux-evenement-chez-le-renard-darctique#:~:text=En%20Finlande%2C%20le%20renard%20polaire,spontané%20de%20ses%20proies%20favorites.