Temps de lecture : 3 minutes

La start-up suisse Sun-Ways a développé un système mécanique permettant d’installer des modules photovoltaïques amovibles entre les rails de chemin de fer. Une innovation qui, selon ses concepteurs, pourrait être utilisée sur la moitié des lignes ferroviaires du monde.

L’énergie solaire semble ne connaître aucune limite. Nous trouvons déjà des panneaux photovoltaïques sur de nombreux types de surface : des toits de nos maisons aux murs antibruit des autoroutes* ou encore les étendues d’eau**.

« L’espace entre les voies ferrées est suffisamment important pour y installer des panneaux photovoltaïques de dimension standard, sans que cela ne gêne la circulation des trains. Ce qui nous permettrait de produire une partie de l’électricité dont nous avons besoin. » – Baptiste Danichert, cofondateur de la start-up

Il est difficile de construire de plus ou moins grandes installations en Suisse et ce dû au manque d’espaces disponibles et aux normes de protection de l’environnement et du patrimoine culturel. L’installation de panneaux solaires placés entre les rails permettrait de résoudre ce problème en ayant aucun impact visible ou environnemental.

Sun-Ways utilise des panneaux fabriqués en Suisse et montés en atelier. Ces derniers mesurent un mètre de large et se glissent facilement entre les voies avant d’être fixés aux rails à l’aide d’un mécanisme à piston. L’installation se fait mécaniquement à l’aide d’un convoi conçu par l’entreprise suisse Scheuchzer, spécialisée dans l’entretien et la rénovation des voies. En avançant, le convoi pose les panneaux le long des rails, « comme un tapis qui se déroule. »

https://www.cleanthinking.de/bahnbrechend-sun-ways-will-aus-bahntrassen- solarkratwerke-machen/

L’idée d’installer des panneaux solaires entre les voies n’est pas nouvelle. Deux entreprises y ont déjà réfléchi : l’italienne Greentail et l’anglaise Bankset Energy testent actuellement des éléments photovoltaïques amarrés ou intégrés aux traverses. Mais la start-up romande est la première à breveter un système détachable, et ce, en collaboration avec l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL). L’innovation, est telle qu’en ayant la possibilité d’enlever les panneaux, permettra les travaux de maintenance tel que le meulage des voies – une opération inévitable dans la gestion des lignes ferroviaires.

L’électricité produite par cette infrastructure solaire est injectée dans le réseau et utilisée pour alimenter les ménages. Pour les opérations ferroviaires, l’utilisation de l’électricité est plus complexe et nécessite une technologique différente.
Le potentiel reste considérable. En théorie, les 5’317km du réseau ferroviaire suisse pourraient accueillir une centrale solaire d’une surface totale de 5’317’000m2, soit l’équivalent à 760 terrains de football. Ainsi, il pourrait produire 1TWh d’énergie solaire par an, ce qui représente environ 2% de l’électricité consommée en Suisse.

L’objectif de Sun-Ways est de s’élargir à l’international : poser des panneaux photovoltaïques sur les lignes ferroviaires en Europe, notamment en Allemagne, en Autriche et Italie.

« Il y a plus d’un million de kilomètres de voies ferrées dans le monde. Nous estimons que la moitié des chemins de fer pourraient être équipés de notre systèmes. » – Baptiste Danichert

Sun-Ways est soutenu par une dizaine d’entreprises partenaires pour la promotion de l’innovation. Sous réserve de l’approbation de l’Office Fédéral des Transports, elle inaugurera en mai la première centrale solaire amoviable au monde.

Le projet pilote couvrira un tronçon du réseau de trasports publics du canton de Neuchâtel (transN) près de la gare de Buttes. L’investissement s’élève à environ 400’000 CHF.

« Le plus grand défi n’est pas la technologie. Ce qu’il faut, c’est un changement de mentalité dans le secteur ferroviaire, qui n’est généralement pas très ouvert à la nouveauté. » – Baptiste Danichert

L’union internationale des chemins de fer salue cette innovation. Cependant, elle y souligne quelques problèmes :

  • La probabilité de microfissures dans les panneaux
  • Un risque accru d’incendies le long des bords de route herbeux
  • Des lignes ferroviaires plus bruyantes dû à la surface dure des panneaux à même leballast (qui absorbe également le bruit)
  • Les reflets de la lumière sur les panneaux pourraient gêner les conducteur.rice.s detrain

La réponse de Sun-Ways est telle que l’entreprise affirme que ses panneaux sont plus résistants que leurs homologues conventionnels et que l’utilisation du noir et d’un filtre antireflet réduirait les risques pour les conducteur.rice.s de trains. Des capteurs doivent surveiller le bon fonctionnement des panneaux et des brosses circulaires placées aux extrémités des trains doivent éliminer automatiquement les résidus sur ces derniers (poussiers, ballast). La firme prévoit également de développer un système qui fait fondre la neige et la glace, pour les régions les plus froides du pays.

« Nous ne prétendons pas apporter la solution au problème de l’approvisionnement énergéAque global. Nous nous voulons y contribuer. » -Baptiste Danichert

Sources : 

* https://www.swissinfo.ch/fre/sci-tech/les-panneaux-solaires-sur-autoroutes-peuvent-ils- doper-la-transition-énergétique-/47208792

**https://www.swissinfo.ch/fre/le-solaire-flottant–une-première-dans-les-alpes- suisses/46111610

https://www.swissinfo.ch/fre/sci-tech/quand-le-solaire-se-fait-une-place-entre-les-rails-du- train/48363384

https://www.sun-ways.ch