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Après deux semaines de débats et une prolongation de plus de 24 heures des négociations, le texte final de la COP27, qui s’est tenu du 6 au 20 novembre dernier à Sharm el-Sheikh, a finalement été rendu public. Nous revenons ensemble sur les avancées qui ont été faites, ainsi que sur les aspects plus controversés de cet accord.

Les points positifs 

La COP27 a été marquée par une avancée majeure : un fonds pour les pertes et préjudices a été décidé et est programmé pour voir le jour d’ici l’année prochaine. Il aura pour objectif de compenser financièrement les pertes et dommages liés aux changements climatiques (tels que les intempéries météorologiques extrêmes) dans les pays pauvres. Si les pays éligibles, le montant de ce fonds et les pays contributeurs restent à ce jour inconnus (un comité transitoire a été créé à cet effet), cette décision n’envoie pas moins un signal politique fort : une volonté de justice climatique de la part des nations présentes.

Les aspects controversés 

Bien que les gouvernements se soient mis d’accord pour maintenir comme objectif de limiter le réchauffement à +1.5°C (même s’il y eut certaines tentatives afin de modifier ce chiffre à +2°C), la bataille est loin d’être gagnée. En effet, les engagements climatiques actuels des pays signataires de cet accord ne permettent même pas de contenir l’élévation de la température à 2 degrés par rapport à l’ère préindustrielle. Selon Climate Action Tracker, le réchauffement se situerait dans une fourchette allant de +1.8°C dans le scénario le plus optimiste (en appliquant des politiques cohérentes avec les objectifs fixés) jusqu’à +2.7°C si l’on se base sur les actions concrètes découlant des politiques actuellement en place. Actuellement nous sommes déjà à un niveau de réchauffement de +1.2°C, et les conséquences sont déjà observables et chiffrables à plus de 35 milliards de dollars. Contrairement à ce qui avait été évoqué à Glasgow l’année dernière lors de la COP26, aucun Etat (hormis l’UE, le Mexique et la Turquie) n’a réellement rehaussé ses objectifs de réduction d’émissions de gaz à effet de serre.

Un autre élément qui a été fortement critiqué à l’issue de cette COP27 est le silence apparent autour des énergies fossiles. Malgré la forte demande de certains pays comme l’Inde de prendre des mesures plus radicales pour éliminer progressivement toutes les énergies fossiles, et alors que la combustion du charbon, du pétrole et du gaz est responsable de 90% des émissions de CO2 mondiales, les nations présentes se sont retrouvées en incapacité à se mettre d’accord et ont fini par adopter les mêmes recommandations qu’à Glasgow. Certains mettent cet échec sur le compte d’un lobbying acharné du secteur. Le média indépendant Bon Pote recense la présence de 636 lobbyistes présents sur place afin de défendre le charbon, le gaz et le pétrole, ce qui représente une augmentation de +25% par rapport à l’année précédente.

Finalement, il est important de mentionner le manque de considération de la biodiversité et de son importance dans la lutte contre les changements climatiques. La conférence des Nations Unies sur la biodiversité, la COP15, qui aura lieu du 7 au 19 décembre à Montréal, devrait explorer cette thématique plus en détails.

Conclusion

En résumé c’est un texte globalement très similaire à celui de l’année passée qui voit le jour. Même si l’on peut noter un grand pas en avant dans la question de la justice climatique avec la création du fonds pour dommages et intérêt, les détails restent volontairement vagues et promettent de nouvelles négociations difficiles l’année prochaine. Pour le vice-président de la Commission européenne, Frans Timmermans, « Ce que nous avons là, c’est un pas en avant trop court pour les habitants de la planète. Il ne fournit pas assez d’efforts supplémentaires de la part des principaux émetteurs pour augmenter et accélérer leurs réductions d’émissions. ». L’ancienne présidente de la Confédération Simonetta Sommaruga a jugé que cette COP27 n’était « pas un succès » si l’on observait les mesures concrètes mises en œuvre.

La COP c’est quoi ?

La conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques réunit chaque année des représentants de plusieurs pays du monde. En 2022 plus de 40’000 personnes venues de 192 pays se sont rassemblées en Égypte. L’objectif d’un tel évènement ? Discuter, débattre et négocier afin de parvenir à un accord sur les actions climatiques à mettre en œuvre.

La difficulté principale réside dans le fait que les conclusions finales de l’Accord doivent être acceptées unanimement, ce qui n’est pas chose aisée lorsque l’on parle de plus de 190 parties prenantes à travers le monde.

Sources :

https://www.theguardian.com/environment/2022/nov/20/cop27-climate-summit-egypt-key-outcomes

https://www.rts.ch/info/monde/13559073-la-cop27-se-termine-sur-un-bilan-contraste-a-charm-elcheikh.html

https://www.rts.ch/info/monde/13559696-en-suisse-et-dans-le-monde-les-reactions-deplorent-le-manque-dambition-de-la-cop27.html

https://www.un.org/fr/climatechange/cop27

https://climateactiontracker.org/documents/1094/CAT_2022-11-10_GlobalUpdate_COP27.pdf